Jeune Saurus ayant perdu ses parents très jeune, Sverker appris très tôt à ne compter que sur lui-même. Ayant vécu la plus grande partie de sa vie seul dans la Nature, il aurait pu grandir comme une bête sauvage si son chemin n’avait croisé celui du Vénérable Ulfurs. Ulfurs était un très vieux Saurus que Sverker avait tiré des griffes de quelques loup efflanqués, affamés par l’hiver. Le Vénérable Ulfurs, autant par gratitude que par compassion, le prit sous son aile et, dans les collines qui lui servaient de refuge, partagea avec lui la sagesse et l’expérience d’une longue vie passée à écumer les Terres D’Argent. Il lui appris « l’exercice du doute » afin de ne pas se complaire dans les certitudes, le sens des responsabilités afin de toujours assumer ses actes et ses paroles, et l’intégrité morale afin de ne jamais avoir de regrets ou de hontes sur la conscience. Après quelques années de cette étrange mais sincère association, le Vénérable quitta ce monde et laissa le jeune Sverker dans la peine et la solitude.
Ne voulant pas se cloîtrer dans un chagrin qu’il considéra stérile, celui-ci réagit de la manière la plus ancienne, la plus instinctive qu’il connaissait, l’action. Après s’être occupé de la dépouille, il rassembla ses maigres affaires et quitta ces collines qui ne seraient jamais plus synonyme de bien-être.
N’ayant pas de but bien défini, il erra dans la campagne jusqu’à ce qu’une nuit, un songe étrange lui vint parlant de dieux emprisonnés et de lutte entre le bien et le mal. Ce songe le troubla mais le prit pour un des nombreuses élucubrations de son cerveau. Mais la nuit suivante le songe lui revint….
Chérissant sa liberté de mouvement et de pensée plus que tout, il n’avait jamais adhéré à aucune cause et encore moins à celle des dieux. Néanmoins, il décida de prendre parti dans la lutte conte Tahnedel car l’idée qu’une créature puisse imposer sa loi à une autre créature lui était insupportable. Il se lança dans cette quête sans vraiment savoir où il mettait les pattes.
Au gré de ses errances il rencontra bêtes féroces, monstres et humanoïdes.
La rudesse des combats contre les forces hostiles de la Nature ne le fit pas reculer car le courage est une incarnation de l’honnêteté qui est le principe fondateur de son existence. En effet, être courageux, c’est ne pas tenir sa vie pour plus importante qu’elle ne l’est.
En revanche, il eut beaucoup plus de difficultés à supporter la fausseté et la veulerie des relations entre humanoïdes. Et le peu de fréquentation des bipèdes lui fit rapidement préférer la vérité et la simplicité de la lutte pour la survie à l’intrigue et la duplicité qui gouvernaient la vie en société.
Son dégoût des humanoïdes était à son comble lorsqu’il entendit parler à plusieurs reprises de Dame Daedalia et de sa confrérie, le Cercle Gris. Avec elle, point de grands idéaux ou de déclarations grandiloquentes comme il en avait tant vus et entendus, juste la proposition d’une association afin de s’entraider entre gens simples et justes. Et cela fit écho au fameux « exercice du doute » que lui avait enseigné le Vénérable Ulfurs. Ainsi refusant de se réfugier dans le confort des certitudes, il entama la démarche pour renconter cet être et se faire son idée. L’entretien qu’il eut avec Dame Daedélia acheva de le convaincre.
Mais aufond de lui, l'appel de la Nature et de l'Aventure était les plus fort. Il quitta alors sans arrière-pensées aucunes, leconfort étouffant et illusoire de la société humaine pour se lancer dans cette quête d'inconnu...